noscapsaventures.com

Aller au contenu

Menu principal :

DESTINATIONS > AMERIQUE > Pérou - Bolivie 2016 > Pérou 2016

PEROU

________________________________

Les hauts plateaux


On prend de l'altitude, c'est rien de le dire


 
 
Trajet bus Lima - Huancayo :
Altitude 0 à 3271m en passant par un col à 4818m

Au départ, on avait prévu de le faire en train, c'était l'un des trains les plus hauts du monde avec le Tibet, et des paysages à couper le souffle. Inconvénient il ne passe que 2 fois par mois, le prochain était dans 9 jours et c'était difficile de faire un programme jusqu'à cette date. Alors nous avons privilégié le bus. Sans aucun regret ! Bon d'abord, on a joué le grand confort avec la "Cruz del Sur", mieux que l'avion, que dis-je beaucoup mieux !!
 
Départ à 7h45, embarquement digne d'un aéroport avec enregistrement et dépose des bagages et contrôle de sécurité avant de monter dans le bus. On est bluffé.
 
Quitter Lima et traverser sa périphérie est d'un triste, presque terrifiant. Nous longeons une colline dénudée, d'un pâle marron, poussiéreuse où rien ne pousse, et l'on retrouve cette poussière sombre sur toutes les habitations cubiques faites de briques apparentes et non terminées et sur les qq pauvres végétaux. Bref, heureusement en prenant de la hauteur et au fur et à mesure que le bus s'engage dans la vallée qui attaque les contreforts de la Cordillère, le paysage s'éclaircit et prend de la couleur. On monte, on monte. On regarde notre altimètre, 1200m, 2300m, on franchit les 3000m, on se regarde en sentant la pression qui nous oppresse dans notre fauteuil moelleux. Le paysage est splendide, les strates géologiques se dévoilent sur les collines, la vallée où coule une petite rivière est verdoyante avec des arbres et des cultures. On se sent vraiment arriver au bout du monde à l'approche du col, à 4818m d'altitude !!! Des mines exploitent le terrain, les ouvriers casqués travaillent à cette altitude. Comment font-ils ? Nous, nous ne pouvons plus bouger de peur que notre tête explose, on a même du mal à articuler. C'est complètement dingue ! Il était temps d'attaquer la descente. Sur ce versant c'est encore + beau ! Il y a des lagunes au milieu des montagnes qui nous entourent. Ses pentes sont rouges bruns, avec des touches de verdures. On croise des villages dont les maisons sont en torchis, couleurs terres, les femmes portent les tenues colorées beaucoup plus locales qu'en ville. Il semble que ce soit l'heure de la lessive. Devant chaque entrée, penchée devant les bassines, la famille s'affaire. Notre descente se stabilise autour des 3000m d'altitude, la tête tape encore. Nous faisons encore une 40aine de km dans une large plaine cultivée, c'est la saison des semailles et comme sur nos anciens tableaux, les paysans travaillent la terre avec les bœufs pour creuser les sillons, et ils sèment à la main en plongeant celle-ci dans leur besace colorée. On croirait faire un voyage dans le temps. Vaches, cochons, moutons, toute la famille est aux champs. Le ciel se couvre. Il est 15h30 nous arrivons enfin à Huancayo. Nous faisons difficilement les 700m avec notre sac à dos pour rejoindre notre hôtel, le souffle court les jambes molles. Juste à temps avant que l'orage éclate.
 
On peut dire que le soroche (le mal des montagnes) a gagné Luc. Il capitule KO sur notre lit à 17h jusqu'au lendemain matin. Heureusement que nous avions pris les médocs pour le mal des montagnes mais il faut attendre quand-même qu'ils fassent effet. Un autre remède très local dont nous avons usé, est de mâcher ou de boire une infusion de feuilles de Coca (oui, oui, celle qui sert à la confection de la cocaïne).














ECRIT PAR  SANDRINE
OCTOBRE 2016

Huancayo 3271 mètres :

Apparté : Alors il faut vous dire la vérité, on a pris du retard sur le site, indépendant de notre volonté (selon la formule consacrée) . Après Luc, c'est mon tour de succomber au mal des montagnes lors de l'étape suivante (qui est encore + haut). Notre corps a du mal à s'adapter à l'altitude, il prend son temps, c'est normal. Alors nous sommes obligés de prendre un rythme tranquille en attendant que ça passe ...

Ceci dit, notre visite de Huancayo ne commencera que le lendemain, au ralenti, par la visite du marché du dimanche. On était quand même venu exprès pour ça ! C'est vrai que nous ne sommes pas déçus, couleurs, femmes en costumes traditionnelles, une variété de fruits dont on ne s'attendait pas (pommes, melons, pastèques, ananas énormes, et même fraises). Nous sommes encore effarés par la circulation (principalement des taxis) qui klaxonnent à tout va, et pour en rajouter dans nos oreilles on a droit à un petit coup retentissant à leur passage comme pour nous dire "coucou je suis là, si vous avez besoin !" grrrrrr.
On reprend de l'énergie en faisant une halte gastronomique, nous avons trouvé une très bonne adresse "Dietras las cathedrale" pour gouter les spécialités locales. Important pour nous,  on aime aussi faire du tourisme culinaire. Le patron nous déconseille d'aller à Huancavelica, d'après lui, vent glacial, pas de resto digne de ce nom, et les gens ne sont pas aimables. Tout ce qui fallait pour que l'on décide d'y aller quand-même, et na !

Trajet Train Huancayo - Huancavelica :
On monte encore de 3271m à 3675m

Après juste une hésitation sur notre programme, qui était de se dire que nous allions rester + longtemps pour s'aclimater car l'étape suivante est encore + haute, au dernier moment on décide de faire comme prévu et de prendre le fameux "tren Macho" lundi. Le suivant étant le mercredi, ça nous faisait rester 2 jours de plus, sans trop savoir quoi faire.
Donc au culot, à 6h du mat on prend un taxi pour la gare de Chilca. Heureusement il reste des places dans le wagon "buffet". Direction Huancavelica. Encore le paysage qui défile est superbe, le train serpente dans une vallée encaissée en suivant sa rivière, on traverse des petits villages perdus. Des petits vendeurs de nourriture défilent, c'est l'occasion de gouter à une délicieuse tranche d'ananas. Et donc l'avantage de notre wagon est que nous avons une table pour nous permettre de manger confortablement. Nous sommes les seuls européens, on voit les familles de péruviens se gaver tout le long du voyage, les enfants jouent, les plus anciens dorment. On fait la connaissance d'une jeune péruvienne de Lima qui accompagne sa mère de 82 ans jusqu'à son village. Elle porte la tenue traditionnelle, plusieurs jupons pour faire une large jupe, sur de grosses chaussettes en laine, et sur les épaules une sorte de grand drapé très coloré qui sert à transporter de la marchandise sur le dos (ou les enfants pour les mamans plus jeunes). Ha j'oubliais, le chapeau est super à la mode ici, elles en portent toutes un. Elles sont vraiment très belles.
En regardant nos photos du train, nous nous rappelons la pub du café Nescafé des années 83, et l'air de la chanson nous trotte dans la tête. Est-ce que vous vous en souvenez ? El gringo

Huancavelica 3675 mètres :
 
Nous sommes arrivés par le train à midi trente. La place d'armes est à 2 pas, et tout de suite nous adorons cette petite ville.
 
- Parce que la place a gardé vraiment toute son authenticité, elle est encadrée de batiments anciens à la chaux blanche et décorés de rouge bordeaux, avec de jolis balcons en bois. La cathédrale en impose dans les mêmes tons.
 
- Et parce que la place (et qq rues) est piétonne, pas de voitures, pas de pollution, pas de klaxons, ce n'est que du bonheur. L'ambiance est tranquille et apaisante. La ville semble protégée par les montagnes qui l'entourent partout ou notre regard se porte. Seul bénol, il pourrait y avoir une jolie petite rivière qui la traverse mais elle est considérée plutot comme une énorme chasse d'eau pour évacuer les poubelles. N'oublions pas la réalité des choses. Malgré tout, nous ne regrettons nullement notre choix d'avoir poursuivi notre voyage jusqu'ici. Surtout qu'il fait un soleil radieu et le ciel est d'un bleu pur.
Pour encore contre dire le restaurateur qui nous avait déconseillé de venir ici, nous trouvons une petit resto, un seul menu (soupe, plat, boisson) à seulement 9 soles (environ 3) et on s'est régalé de cette cuisine populaire.
 
Tout allait pour le mieux, jusqu'à ce que le mal des montagnes me gagne à mon tour. Il ne me restait plus qu'à me coucher (16h) jusqu'au lendemain matin.
Nous reprenons la découverte de la ville à petits pas et nous retrouvons Gandhi rencontrée la veille, grace à la musique de Indochine qui passe dans sa boutique. Les péruviens sont fan de ce groupe, c'est drole. Elle tient un commerce de chaussures de sport sur la place des Eglises San Francisco et San Sebastian. Elle nous iradie de son énergie et nous amène jusqu'au marché couvert pour prendre le petit déj. Les commerçants sont aimables et s'étonnent tout naturellement que nous ne parlions même pas catalan. Le reste de la journée se passera tranquille avec une petite balade jusqu'aux termes "Tres boas", la découverte de la ville et du petit musée de la maison culturelle exposant d'impressionnantes momies.
Sur chaque parvie d'église, les enfants en "uniforme de leur école" répète des danses pour le futur concours. Nous déjeunerons avec Gandhi et son copain Willy. Vraiment un très bon moment de partage. Encore moins cher, menu à 6,50 soles ! Nous montons alors le projet le lendemain de faire une randonnée tous ensemble jusqu'aux Mines.
 
Randonnée aux minas de Santa Barbara :
 
Problème de réveil ? Toujours est-il que nous sommes que tous les 2 au point de RDV. La randonnée s'annonce difficile, impossible d'attendre trop longtemps surtout que les fins de journée se terminent toujours par des orages. C'est parti, on se sent tout petit face aux 330 marches qui débutent le parcours alors que nous avons déja le souffle court au moindre effort. Malgré tout on avance, le chemin n'est pas tracé et finalement il faut improviser. Seule certitude, il faut toujours monter. Alors, on monte, un peu au hasard. Après une marche interminable et raide, nous finirons par trouver une ferme. D'après les explications du fermier nous partons longuement ... dans la mauvaise direction alors que nous étions juste à coté ! Heureusement perdus dans la pampa, un 4x4 qui passait par là et qu'on interroge, nous ramène à l'entrée de la mine. J'ai cru qu'on allait jamais la voir ! C'est un vrai soulagement. On est enfin récompensé par ce décor de mine et de village abandonnés et nos premiers alpagas. Extraction de mercure jusqu'au année 1980. L'orage gronde déjà. C'est sans trainer que l'on redescend évidemment plus vite que nous sommes montés, au total quand même 6h de marche. Et Luc se tape un nouveau mal des montagnes à l'arrivée. Olé!

On quitte Huancavelica le lendemain avec regret. La suite du voyage pour la prochaine étape semblait compliquée. Les bus ne proposent pas d'itinéraire satisfaisant, soit des trajets de nuit alors que les paysages méritent d'être vus, soit retour par Huancayo. Nous voulions aussi visiter la laguna de Chocloco. Finalement la petite agence de tourisme sur la place nous propose un bon compromis, avec un véhicule avec chauffeur qui passe par la route de la lagune et nous amène jusqu'à la bifurcation "gare routière" du bus jusqu'à Ayacucho. Le prix est évidemment 10 fois plus cher que le bus mais il a l'avantage de profiter du paysage et de pouvoir s'arrêter à la demande.

PS : Avec du recul, on aurait dû rester un jour de plus (mais le départ était réservé). Après nos soroche à répétition, nous avions plutôt envie de prendre le temps, revoir Gandhi et trainer dans cette petite ville attachante. Elle restera dans nos coeurs et Gandhi restera en contact sur FB avec nous.
 

 
Trajet Huancavelica – Ayacucho
Le trajet Huancavelica-Ayacucho restera dans les annales

Nous quittons Huancavelica avec qq regrets, cette ville est une petite pépite encore méconnue des touristes.
 
Sur notre chemin, nous faisons des pauses avec notre chauffeur guide privatisé et nous avons pu faire des découvertes mêmes pas signalées dans le Lonely. Entre autre, il met en avant la lagune de Chocloclo mais il y en a 2 autres juste avant encore plus jolies. Quelques flamands roses sont au rendez-vous. Richard, notre guide, nous amène voir l’ancien village de Chocloclo abandonné par les villageois eux-mêmes car ils ont eu peur que le niveau d’eau de la lagune monte jusqu’à noyer leurs maisons. Il y a parait-il déjà un village englouti sous la lagune. L’endroit est hyper photogénique, les murs sont en terre ou bien en pierre, et seuls quelques alpagas s’y promènent. J’ai bien essayé d’en attraper un mais c’est un animal très craintif qui nous évite.  J’ai réussi quand même à plonger la main dans l’épaisse laine d’une femelle alpaga qui se prélassait dans la poussière. C’était doux et dense et ça ne sentait même pas mauvais. Elle avait son petit juste à côté, on dirait une petite peluche. Trop mignon ! Nous avons traversé les villages San Juan de Astobamba et Puca Pampa qui signifie «Pampa rouge » en Quechua comme la couleur de la montagne juste derrière. La population parle le Quechua et elle vit vraiment de façon rudimentaire. Elle élève surtout les alpagas pour leur laine et leur viande. D’ailleurs il y en a de partout le long de la route, et traverse sans crier gare, il faut rester vigilant. Il nous arrête dans un délicieux petit resto local pour midi, l'occasion de gouter encore des spécialités comme de la truite panée. Que demander de plus ?
Comme convenu Richard nous dépose à Rumichaca vers 14h. C'est un embranchement de route, servant de relais routier avec plein de gargotes en bois pour le voyageur. On attend là, assis dans la poussière, un peu inquiet, en espérant qu'un bus pour Ayacucho passera bien. On se sent un peu largué après la belle matinée que nous venons de passer. On saute sur tous les bus qui passent en demandant notre direction. Finalement un collectivo (sorte de mini-bus) répond favorablement. Le chauffeur annonce le temps de trajet 3-4h (normalement c’est 2h !!) On se regarde, on n’est pas au bout de nos peines, ok mais bon, on est dedans, vaille que vaille, on verra bien maintenant. L'important c'est d'arriver. C'est finalement un des plus beaux trajets que nous avons fait. le bus s'arrête à la demande, se remplit de locaux. La première famille monte avec des sacs remplis de bouses de vache séchées. Il y en a partout dans le bus !! On rigole, on ne pouvait pas faire + local. Curieux et étonnés de nous voir, un peu timides, les langues se délient petit à petit et les questions s'enchainent «vous parlez Queshua ? » Une femme tricote, elle m'explique qu'elle fait un pull, pour l’instant c’est le devant, elle devrait avoir complètement fini dans une semaine. Une autre a son bébé emmailloté dans un tissu traditionnel et s’étonne des temps de vol en avion entre l’Europe et le Pérou. On finit le voyage entassé comme des sardines, promiscuité et odeurs humaines fortes mais heureux de ces échanges.
Concernant le paysage, on constate qu'il varie invariablement selon l’altitude de cette façon :
- à 2000m c’est très verdoyant, les champs sont cultivés, vaches, cochons, moutons paissent tranquilles le long de la route.
- A 3000m d’altitude, on trouve les forêts d’Eucalyptus.
- A plus de 4000m c’est la pampa jaune, recouverte de touffes d’herbe à lamas, il n’y a plus un arbre, il reste seulement les alpagas et les vigognes. A cette altitude le paysage offre parfois une palette de couleurs étonnantes, à voir sur les photos.
 

Ayacucho  2746 mètres :
 
On arrive à Ayacucho par une route surplombant toute la ville qui se trouve en bas dans la vallée. La vue est imprenable, plongeante et vertigineuse ! C’est le choc pour nous, cette ville est immense, ce qui veut dire : trafic, bruit, pollution. Nous sommes moyennement enthousiastes. Heureusement on trouve une petite auberge avec un jardin intérieur à l’écart de toute cette confusion mais à deux pas de la plaza de armes. C’est vrai qu’après l’authenticité d’Huancavelica, Ayacucho semble bien moderne et déjà corrompue par les exigences touristiques.   
 
Finalement en se promenant autour de l’immense place d’armes, en allant visiter église après église, il faut bien reconnaitre qu’elle a un patrimoine indéniable et très appréciable. Nombre de bâtiments autour de la place d’armes offrent une promenade sous « los portales » comme en Italie et cachent derrière leur porte cochère de superbes cours avec des colonnades, et des balcons intérieurs. La ville est animée de fanfares, de course de voitures et de jeunes étudiants créant des dessins éphémères avec de la sciure colorée ou avec des pétales de fleurs dans les rues piétonnes. Le soir nous avons même assisté à un concours de danse locale très coloré.
 
Finalement, on peut dire que l’arrêt dans cette ancienne capitale Inca vaut le détour. Nous avons passé d’agréables moments. Toutefois, une journée suffit à la visiter.

Nous quittons ces hauts plateaux, pays Queshua, encore peu touristiques, authentiques et chargés d'histoire et d'humanité pour un circuit plus classique au départ de la ville de Cusco. On a aimé, on a adoré.
 
 

BlogNoscaps: Laissez vos commentaires
9 Commentaires